LE PASSAGE JAUNE
"Le but de mon installation est simple : montrer que les limites de la ruelle des Meix outhon s'étendent au-delà de ses limites physiques et spatiales "
Camille Pillot
À la recherche d’un lieu pour mon intervention, j’ai été intriguée par la ruelle des Meix Outhon. Celle-ci est située au nord de Nancy, et permet de relier la rue de Metz au quai Choiseul. Il s’agit d’une ruelle très peu empruntée et longue de près de 200 mètres, entourée de murs, qui s'étend le long de pignons de maisons et jardins individuels. Sinueuse et tortueuse, elle ne mesure pas plus de 90 cm de large. Je lui ai alors trouvé un fort intérêt, car peu fréquentée, elle me permettait de m’y rendre sans perturber le voisinage ou le passage. En s’y promenant, on remarque que les murs de la ruelle sont abîmés et sales, le sol est en gravier ou parfois recouvert de béton.
La nature a pris le dessus par endroits et recouvre le passage. L’endroit est alors délaissé par les passants. Nous percevons la verticalité du lieu en nous retrouvant encerclés par les murs de part et d'autre, variants de 3 à 5 mètres. Puis, au bout de ce chemin, nous retrouvons une rue, des passants, des voitures et des conversations. À quel instant me suis-je retrouvée isolée de cette vie ? Ou bien à quel moment l’ai-je retrouvée ?
Alors que notre installation devait être guidée par le sous-thème du franchissement, j’ai voulu jouer avec les limites des espaces afin de faire comprendre que la limite n’est pas franche entre plusieurs lieux. Quand puis-je dire que je me trouve dans un lieu ou dans l’autre ?
Pour tester les limites de mon lieu, je me suis installée à la sortie de ma ruelle, côté quai Choiseul. Le but de mon installation est donc simple, montrer que les limites de la ruelle des Meix Outhon s'étendent au-delà de ses limites physiques et spatiales. Pour cela, je me suis inspirée d’un objet qui symbolise le passage d’un espace à un autre, la porte. Puis je l’ai détourné afin de la faire coïncider avec mon lieu. J’ai alors repéré des éléments déjà présents sur mon site, auxquels je pourrais m’accrocher : le sol, le poteau et le pignon de la maison voisine. J’ai réalisé mon installation le 8 décembre 2021, avec l’aide d’une personne.
J’ai disposé deux portiques en tasseaux, sur lesquels je suis venue fixer des plaques de carton à l’aide d'agrafes. Je voulais que la couverture du tout soit repérable de loin pour interroger le spectateur. Pour cela, j’ai habillé l’ensemble de ma structure avec du papier peint jaune. Pour terminer et mettre en scène “les non-limites” de mon lieu, j’ai découpé au sol une forme de coulure de peinture. Comme si l’ensemble de mon installation était une peinture des limites physiques du lieu, avec cette tache qui symbolise au mieux “les vraies limites” du passage.