FACE CACHÉE
"en éclairant l'arrière du mur tout en mettant en valeur son ouverture centrale, je souhaite matérialiser le premier plan et le second plan par la couleur en révélant ce second passage."
Mathias Vicaire
En sortant de la gare de Nancy, vous empruntez la rue de Serre et tout à coup, vous apercevez un espace couvert. Celui-ci vous intrigue, vous avancez. Un petit corridor se dessine, vous vous demandez si vous pouvez passer. De part et d’autre du passage, vous apercevez des vitrines. À travers celles-ci se trouvent des bureaux. Le passage est couvert, mais il se prolonge. En poursuivant votre déambulation, vous apercevez enfin le ciel. C’est une certitude, le passage est public. Cet espace empli de verdure résonne comme un lieu intime au milieu du tumulte de la ville. C’est un espace hors temps, qui marque un temps d’arrêt au parcours des marcheurs. À votre gauche, vous apercevez un mur. Celui-ci est intriguant.
Pourquoi mettre un mur à cet endroit ? Le passage est pourtant sécurisé. Vous faites le tour de cet objet incongru. Vous observez les détails du mur. Il est percé en son centre. Ses extrémités possèdent également une découpe particulière. Un fourré touffu se développe à son pied, ce qui permet de le fondre dans la nature environnante.
Vous décidez d’aller à l’arrière de ce simple plan en béton pour apercevoir ce qu’il cache.
À l’arrière, vous découvrez un espace généreux. Vous vous apercevez que ce mur peut permettre de dissimuler les entrées de service des habitations alentour. Mais cet espace, inclut dans le passage Sébastien-Bottin, se lit comme un deuxième passage. L’entrée de ce second espace plus intimiste est à échelle humaine.
Je souhaite donc révéler ce second passage ignoré de la plupart des passants. Ce mur qui se dresse tel un premier plan dans une toile, révèle un second plan à l’arrière. L’ouverture au centre du mur joue le rôle d’une fenêtre qui donne à voir le second plan.
De nuit, le passage Sébastien-Bottin est faiblement éclairé et pousse les passants à forcer le pas. L’objectif de l’installation urbaine est donc de marquer ce second passage afin de détourner les passants du passage principal.
En éclairant l’arrière du mur tout en mettant en valeur son ouverture centrale, je souhaite matérialiser le premier plan et le second plan par la couleur en révélant ce second passage. À la tombée de la nuit, la lumière qui irradie sur le passage principal pose question et appelle le passant qui tourne la tête. Il aperçoit, au travers de l’ouverture marquée d’une lumière bleue, un arrière-plan lumineux rose. Les passants s’arrêtent et découvrent pour la première fois une nouvelle vision de leur parcours habituel.